Rapport de surveillance : 4 mai 2012

Mise en contexte :

Des étudiants, étudiantes, membres de groupes communautaires et de syndicats se sont rendus à Victoriaville le 4 mai dans le but de manifester leur colère lors du congrès général du Parti libéral.

18h25 : Les manifestants arrivent en face du Palais des congrès de Victoriaville.

18h28 : L’anti-émeute de la SQ arrive de l’arrière de l’hôtel en grand nombre suite à ce que quelques projectiles aient été lancés contre les policiers et que la clôture ait été renversée.

18h31 : Une deuxième escouade arrive de l’arrière de l’hôtel.

18h35 : Un groupe d’anti-émeute se positionne à la gauche des manifestants.

18h36-40 : Le groupe d’anti-émeute à la gauche des manifestants commencent à avancer lentement en face de l’hôtel pour dégager le terrain. Aucune résistance des manifestants.

18h40 : Alors que la situation semble sous contrôle, plusieurs blast disperser avec du gaz CS sont lancés dans la foule. Un observateur remarque une foule polylithique avec des personnes de tous les âges et de tous les milieux.

18h40-19h01 : Plusieurs dizaines de blast disperser et de gaz lacrymogènes sont lancés contre les manifestants.

19h01 : Un manifestant est gravement blessé à la jambe. Une ambulance est appelée sur les lieux.

19h04-05 : Une auto patrouille de la SQ arrive au terrain vague en face de l’hôtel où la très grande majorité des manifestants se sont réfugiés pour fuir l’action. Ils sont là pour s’assurer qu’une ambulance puisse se rendre jusqu’à un autre blessé grave. Ce dernier est inconscient.

19h07-17 : Alors que le manifestant est toujours inconscient au milieu du champ, un groupe d’anti-émeute arrive sur le terrain vague et lance plusieurs gaz lacrymogènes et des blast dispersers dans la foule. Le blessé doit être transporté plus loin par d’autres manifestants en attendant l’ambulance. Un policier fait partie du contingent transportant le blessé. Les manifestants scandent qu’il y a un blessé, mais la charge policière se poursuit.

Environ 19h10 : Des bâtons cinétiques sont utilisés sur le boulevard Arthabaska.

19h17 : Un observateur vient d’entendre un premier avis de dispersion. Il semble que les haut-parleurs du camion de son de la SQ ne soient pas assez puissants pour pouvoir être entendus par une foule mouvementée. Depuis un endroit très calme, l’observateur a difficilement pu entendre l’avis donné à environ 50 mètres de lui.

19h18 : Un observateur apprend qu’une troisième personne aurait été blessée et nécessite un transport à l’hôpital. Pendant ce temps, le manifestant inconscient est pris en charge par des ambulanciers.

19h19 : L’intervention de l’anti-émeute se poursuit sur le boulevard Arthabaska.

Environ 19h20 : Des bâtons cinétiques sont utilisés près du Paccini. Une personne semble avoir été blessée au genou par celles-ci.

19h23 : Repositionnement dans le champ de la ligne d’anti-émeute qui s’étend maintenant sur environ 150 mètres.

19h23-27 : Plusieurs gaz lacrymogènes sont lancés dans la foule.

19h27 : Une personne est arrêtée dans le champ.

19h29 : Un gaz lacrymogène ayant pris en feu est en train de brûler une pancarte de bois. Un policier anti-émeute envoie le contenant un peu plus loin vers les manifestants. C’est finalement une manifestante qui a éteint le feu.

19h35 : Un observateur apprend qu’une personne est inconsciente près de la maison du prélart. Aucune indication depuis combien de temps la personne y est.

19h35-49 : Une charge de l’anti-émeute vise à bloquer la rue périphérique au boulevard Arthabaska et force les manifestants à retourner sur le boulevard. Le petit groupe de manifestants s’y trouvant sont lentement repoussés vers l’artère principale. Plusieurs déflagrations se font entendre du boulevard.

19h49 : Un observateur se fait dire qu’une personne a reçu un bâton cintique sur le front.

19h55 : Un observateur remarque qu’il y a plusieurs policiers anti-émeute empêchant les manifestants de contourner le Paccini pour se rendre au Palais des congrès de Victoriaville.

20h00 : Un policier en tenue usuelle tente de procéder à une arrestation au milieu d’une foule hostile aux forces policières. Un collègue en voiture vient l’épauler d’une certaine façon en arrivant sur les lieux avec son véhicule. Pour ce faire, il a passé à travers la foule. La réaction de plusieurs manifestants est vive. Le policier doit renoncer à l’arrestation et se réfugie derrière la ligne d’anti-émeute.

20h00-10 : La ligne d’anti-émeute repousse lentement les manifestants de l’arrière du Paccini vers le boulevard. Plusieurs armes chimiques sont utilisées. Pendant cette période, un manifestant se fait lancer une canette de gaz lacrymogène directement sur le torse à courte distance.

20h10 : Un manifestant est mis en état d’arrestation.

20h27-33 : Les manifestants sont repoussés sur le boulevard. En moyenne, environ un gaz lacrymogène est lancé aux 10 secondes alors même qu’il y a une distance appréciable (environ 10 mètres) entre la ligne d’anti-émeute et les manifestants et que ces derniers reculent sans aucune résistance.

20h34 : Suite à une courte pause à une intersection, la charge de l’anti-émeute reprend.

20h52 : Une ambulance se trouve dans le stationnement du Wal Mart et traite un blessé inconscient.

Autour de 22h00 : À environ 5 kilomètres de Victoriaville, sur l’autoroute 955, les passagers d’un autobus transportant des étudiants de McGill et de Concordia sont mis en état d’arrestation.

Formation de l’ÉSIP ce jeudi

* Événement Facebook *

Suite aux événements des dernières semaines, il apparaît nécessaire d’offrir à nouveau une formation au grand public. Cette formation sera offerte par des membres de l’ÉSIP et des sympathisants à notre équipe.

Quand : Jeudi 26 avril, de 18h à 20h30
Où : Université du Québec à Montréal (UQÀM). Local W-2535 (Association des étudiant-e-s en droit)
Quoi apporter : papier et crayon pour prendre des notes, votre bonne humeur.

Déroulement de la formation

La formation se divisera en deux parties d’environ une heure chaque. La première partie est un « tronc commun » qui porte sur le droit des manifestants. On y abordera entre autres la question des attroupements illégaux, émeutes, voies de faits, liberté d’expression et de réunion pacifique, etc. Pour la deuxième partie, les participants pourront choisir entre deux ateliers, soit un sur la sécurité en manifestation (habillement, premiers soins, tactiques policières de dispersion, engins utilisés) ou sur la surveillance des interventions policières (quoi surveiller, entrave au travail des policiers, prise de note efficace, diffusion).

Aucune inscription n’est nécessaire. Vous n’avez qu’à vous présenter à l’heure et au local convenu.

Rapport de surveillance : 20 avril 2012

Mise en situation

Le 20 avril 2012, une manifestation s’est dirigée vers le Palais des congrès de Montréal où avait lieu le Salon Plan Nord. À la suite d’altercations avec les policiers, la manifestation a été déclarée attroupement illégal. Nos observateurs-trices sont arrivé-es sur les lieux vers 14h30. Il est difficile de savoir si, à ce moment là, il s’agissait d’une manifestation étudiante à proprement dit. Nous avons tout de même décidé de couvrir les événements.

 14h33 : Arrivée de nos observateurs-trices sur les lieux.

14h35 : Coin Jeanne-Mance et Viger. Charge des policiers vers le nord. Une bombe sonore est lancée.

14h48 :Coin Ste-Catherine et St-Laurent. Des policiers arrivent du nord sur Clark. Ils bloquent éventuellement la rue Ste-Catherine, à la hauteur de St-Laurent. À ce moment là, les manifestants sont rendus plus loin vers l’est sur Ste-Catherine.

14h53 :Déploiement de l’anti-émeute à nouveau sur Ste-Catherine, cette fois à la hauteur de St-Denis. Les manifestants se divisent en deux groupes. Aucun déploiement subséquent.

15h03 : Des manifestants apprenent que la manif a toujours lieu près du Palais des Congrès. Un groupe de manifestants se dirige vers là.

15h10 : La manifestation est de nouveau déclarée attroupement illégal au coin des rues St-Urbain et Viger.

15h25 : Après un mouvement des policiers, un groupe en encerclé sur Viger, entre St-Urbain et Clark. Un policier posté à l’extrémité d’une ligne laisse sortir certaines personnes du périmètre, mais pas d’autres. On a clairement refusé à une observatrice de sortir, sans vouloir donne de motif. Semble s’apparenter à du profilage social et politique.

15h26 : L’anti-émeute du SPVM se replie, ce qui fait que les manifestants ne sont plus encerclés.

15h32 : Au coin nord-ouest St-Urbain et Viger, un manifestant est poussé par terre par un policier anti-émeute. Le manifestant semble blessé, il git au sol et ne bouge pas, mais il est conscient. On demande à plusieurs reprises aux policiers de l’aider, ce qu’ils refusent de faire.

15h49 : Les policiers repoussent les manifestants vers le nord sur St-Urbain. Un policier pousse sans aucune raison apparente un manifestant.

15h57 : Un groupe de policiers anti-émeute bloque St-Urbain à la hauteur de De la Gauchetière. Les manifestants sont pour la plupart sur De la Gauchetière, entre St-Urbain et St-Laurent.

15h58 : Départ de nos observateurs-trices.

Rapport de surveillance : 19 avril 2012

Mise en contexte

Le 19 avril 2012, des étudiants se sont rendus à Gatineau pour protester contre l’injonction émise envers l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

9h36 : Les manifestants se mettent en marchent.

9h58 : Les manifestants entrent à l’intérieur de l’hôtel-de-ville de Gatineau.

9h59 : Les policiers bloquent l’entrée de l’hôtel-de-ville.

10h01 : Les manifestants sortent par une sortie secondaire. Une manifestant blessé à une jambe (fracture récente) avance plus tranquillement que les autres. Il se retrouve à l’arrière du groupe. Un policier le pousse constamment pour qu’il avance plus rapidement.

10h04 : Les manifestants sont revenus sur la rue Notre-Dame-de-l’Île.

10h30 : Les manifestants arrivent au pavillon Taschereau. Certains manifestants parviennent à entrer à l’intérieur de l’établissement. Les policiers utilisent des matraques téléscopiques pour tenter de repousser la foule. Des renforts policiers arrivent rapidement.

10h45 : Les manifestants se déplacent vers une entrée secondaire. Des policiers sont à l’intérieur et les empêchent d’accéder aux couloirs de l’université.

10h48 : Des policiers tentent d’entrer en renfort alors que les manifestants bloquent une entrée.

10h49 : Les manifestants se replient à l’extérieur.

10h50 : Un policier a dit : « Y’en a un avec un bandeau bleu, il m’a poussé. Tu vas voir, j’vais t’le ramasser tantôt. »

10h51 : Les manifestants se remettent à marcher. Ils contournent la police anti-émeute qui forme un bloc au milieu de la rue. Un homme de 72 ans est poussé contre le sol par un agent anti-émeute.

10h56 : L’anti-émeute marche et retourne dans leurs minibus sans être intervenu. *Cela ressemble à une manoeuvre d’intimidation de la part de la SQ.

11h16 : Les étudiants se dirigent vers le pavillon Brault. À l’entrée, des policiers bloquent l’accès. Un policier donne des coups de matraque sans raison, alors que la « première ligne » des manifestants ne bouge pas pour le moment.

11h17 : Utilisation de poivre de cayenne de la part des policiers. L’utilisation s’est fait dans un endroit relativement fermé, de sorte que les manifestants poivrés pouvaient difficilement quitter. Un paramédic (manifestant) clairement identifié semble avoir été ciblé et a reçu une dose importante de poivre de cayenne. Les policiers sont aussi touchés par le poivre de cayenne, puisque l’endroit est clos.

11h19 : Un policier cible notre observatrice. Il dit a son collègue, en pointant notre observatrice – clairement identifiée – « elle là, ce qu’elle a dans les mains, j’le veux à’ poubelle ok? » Notre observatrice avait une enregistreuse dans sa main, pour pouvoir prendre des notes sur les interventions policières. Elle a été clairement ciblée par un policier pour cette raison.

11h21 : Les étudiants se replient vers un autre endroit.

11h22 : La police anti-émeute se déploie dans le stationnement de l’université alors que les manifestants sont en train de quitter. Aucune intervention.

11h43 : Les manifestants sont sur la rue St-Joseph. Pour une raison inconnue, une ligne d’anti-émeute bloque le passage des étudiants qui ne peuvent continuer de marcher sur St-Joseph.

11h45 : Les manifestants prennent une autre avenue.

12h27 : Les étudiants sont de nouveau devant le pavillon Brault de l’UQO.

12h28 : Affrontement entre les étudiants et les policiers. Au moins deux étudiants ont reçu des coups de matraque au niveau du visage et de la tête.

12h33 : Un policier pointe sa matraque (comme une lance) envers les étudiants pour aucune raison apparente.

12h33 : Les manifestants décident de se replier.

12h34 : Déploiement de l’anti-émeute, encore une fois alors que les manifestants se replient.

12h51 : Les policiers anti-émeute laissent passer une personne blessée. Ils refusent par contre de laisser passer le paramédic-manifestant pour accompagner le blessé jusqu’à l’ambulance. Il y a des altercations et les policiers poussent les blessés. On refuse de laisser passer le paramédic.

12h53 : Le paramédic souhaite aller chercher son sac de premiers soins derrière la ligne d’anti-émeute et on refuse. Finalement, on le laisse passer. On lui demande de s’identifier (aucune raison valable) et on fouille son sac à dos.

13h01 : Des manifestants semblent entrer à l’intérieur de l’université par une porte de service.

13h15 : L’université est évacuée. Les étudiants et professeurs quittent.

13h26 : Les policiers tentent d’entrer à l’intérieur alors que les manifestants bloquent l’entrée.

13h26 : Un étudiant est mis à part. On le plaque contre le mur. On lui dit « sais-tu pourquoi on te fait ça? ». Quinze secondes plus tard, on le laisse partir.

13h38 : Des manifestants qui étaient sur le trottoir sont poussés en bas. Les policiers sont sur le trottoir et tiennent leurs matraques au niveau du visage des manifestants.

15h30 : Les manifestants qui se trouvaient à l’intérieur de l’université sont escortés et arrêtés. On les met dans des autobus de la STO.

* La très grande majorité des policiers de Gatineau n’étaient pas identifiables. Aucune marque d’identification visible.

* Les personnes arrêtés ont été mises dans des cellules. Parfois, jusqu’à 14 personnes dans une cellule pour trois.

* À 23h, certaines des personnes arrêtées à 15h étaient toujours détenues dans des autobus.

Rapport de surveillance : 27 mars 2012

Mise en situation

Une manif-action partait du métro Papineau pour bloquer le siège social de la SAQ.

7h30 : Nos observateurs arrivent sur les lieux. Plusieus voitures de police sont présentes.

7h35 : La plupart des voitures de police s’en vont.

7h42 : Les manifestants se dirigent vers l’est sur Ste-Catherine.

9h55 : Les policiers bloquent la rue De Lorimier.

9h56 : L’anti-émeute se prépare à intervenir sur De Lorimier.

9h59 : Début de l’intervention de l’anti-émeute. À partie de De Lorimier, ils se dirigent vers le siège social de la SAQ où les manifestants se trouvent.

10h01 : Un membre de l’ÉSIP est poussé par un policier.

10h04 : Les policiers utilisent beaucoup de poivre de cayenne.

10h05 : Utilisation de poivre de cayenne se poursuit. Des coups de matraque sont aussi inligés aux manifestants.

10h06 – 10h07 : Il y a toujours utilisation de poivre de cayenne par les policiers.

10h10 : Un membre de l’ÉSIP demande aux policiers de s’identifier. Refus.

10h11 : On rapporte que le poivre de cayenne a été utilisé abondamment, pendant environ 15 secondes.

10h14 : Un manifestant se fait poivrer par un policier. Un autre policier le pousse en bas des marches avec son bouclier.

10h20 : Une personne est arrêtée, menottée sur le sol.

10h34 : L’individu arrêté est amené vers une voiture de police.

10h40 : Une voiture de police part en trombe en fonce vers des manifestants.

10h45 : Les manifestants marchent sur René-Lévesque.

10h49 : Les manifestants sont suivis de quatre policiers à vélo, une minifourgonette et deux autos de police.

Rapport de surveillance : 5 avril 2012

Mise en situation

Une manif-action partait du métro Papineau à 8h00 pour bloquer le centre de distribution de la SAQ.

8h28 : Trois policiers surveillent à l’intérieur du métro depuis le début du rassemblement. Les médias demandent ce que les manifestants font là et où ils vont. Aucune idée.

8h35-8h40 : Les manifestants entrent dans le métro Papineau pour en sortir à Langelier.

9h23 : Les manifestants sont rendus au centre de distribution de la SAQ près de la 25. Les manifestants bougent pour se rendre en marchant et en courant. Les manifestants se divisent en deux groupes : deux entrées principales extérieures.

9h39 : La police a déjà arrêté quelques personnes pour les « déplacer ». Ils les ont relâchés à quelques coins de rues plus loin en leur disant de partir. Les manifestants sont possiblement revenus.

9h45 : Le groupe duquel fait partie nos observateurs a bloqué l’entrée sur le bord de la 25 longtemps, sans aucune intervention de la police. Une fourgonnette « fantôme » rodait autour des manifestants. La SQ reste sur le bord de la 25. Il y a une clôture qui nous sépare. Ils se tiennent à environ 20 pieds de l’autre côté. Le SPVM s’est posté des deux côtés de nous dans la petite rue.

* La SQ était aussi présente avec l’anti-émeute pour l’occasion. Il y avait trois paniers à salade bleus de la compagnie Location Bleu Pelican.

10h30 : Rien à signaler. Des dizaines de voitures de police commencent à arriver. D’autres avec l’anti-émeute se trouvaient au sud sur Notre-Dame. L’hélicoptère est parti depuis un bout. Il semblerait que d’autres choses plus importantes se déroulent au centre-ville.

11h00 : Les manifestants partent rejoindre les autres de l’autre côté.

11h15 : Les manifestants sont arrêtés au coin des rues Tellier et des Futailles. On se regroupe. Les autres manifestants arrivent en courant alors que des policiers leur courent après. Ils nous rejoignent, les policiers rebroussent chemin. Les voitures du SPVM nous suivent depuis qu’on est parti.

11h20 : Les manifestants retournent tranquillement vers le métro Langelier.

Rapport de surveillance : 11 avril 2012

Mise en contexte

Une action symbolique avait lieu pour dénoncer les principaux acteurs de la répression du mouvement étudiant. Cette action, qui avait lieu en soirée, s’est terminée par un déploiement de la cavalerie et de nombreux policiers dans le centre-ville de Montréal. Aucune arrestation n’a eu lieu.

21h03 : Au coin des rues University et De la Gauchetière. Deux policiers à vélo auraient insulté un manifestant qui se trouvait sur le trottoir. Les policiers ont rapidement été encerclés par les manifestants. Ils ont repoussé ceux-ci en tournant sur place avec leurs vélos à la hauteur des visages des manifestants, créant ainsi un effet d’ « hélicoptère ».

21h11 : La manifestation est déclarée illégale. Coin Bleury et René-Lévesque. À ce moment là, la plupart des manifestants s’étaient déjà dispersés dans différentes rues, ruelles et stationnements.

21h12 : Déploiement de l’anti-émeute sur René-Lévesque. Il n’y a que quelques manifestants (moins de vingt) qui sont sur René-Lévesque. Ils semblent eux-mêmes chercher le reste de la manifestation.

Rapport de surveillance : 22 mars 2012

Mise en contexte

Lors de la manifestation nationale du 22 mars, une altercation aurait eu lieu entre des néo-nazis (boneheads) et des membres d’un groupe antifasciste. Suite à cet événement, un groupe d’intervention des policiers (16 policiers au total) s’est mis à suivre de près le contingent anti-capitaliste dans la manifestation.

15h41 : Au coin des rues Cherrier et St-Denis, les policiers confisquent tous les bâtons des manifestants (les bâtons qui tiennent leurs pancartes). Ce mouvement policier semble limité aux manifestants qui sont près du contingent anti-capitaliste, mais celui-ci n’est pas directement touché par la manoeuvre.

15h45 : Sur la rue Sherbrooke, deux policiers filment les manifestants avec ce qui semble être leur téléphone personnel.

16h22 : Les policiers terminent leur surveillance ciblée du contingent anti-capitaliste et se replient dans une rue parallèle.

Mise à jour

Une mise à jour substantielle du site web est à venir sous peu. Nous sommes présentement en train de retranscrire les rapports des dernières semaines. Les manifestations, actions et interventions se succèdent à une vitesse incroyable. Nous continuons à assister au plus grand nombre d’actions possible et à documenter les interventions policières. Plusieurs rapports à venir sous peu.

– ÉSIP.

Rapport de surveillance : 15 mars 2012

Mise en contexte

La Manifestation contre la brutalité policière est un événement qui, depuis environ une quinzaine d’années, permet aux citoyen-ne-s d’exprimer leur désaccord et leur frustration quant aux pratiques du Service de Police de la Ville de Montréal (« SPVM ») et autres corps policiers québécois. Cette manifestation fut, au fil des années, le théâtre de nombreux débordements. Sa couverture médiatique a toujours été des plus négatives : on ne met habituellement l’accent que sur la supposée responsabilité des manifestant-e-s dans les débordements plutôt que sur les revendications de ce mouvement ainsi que la problématique de la brutalité policière. Toutefois, d’années en années, un constat semble demeurer : les stratégies d’intervention ainsi que les pratiques des policier-ère-s du SPVM sont fortement critiquables et semblent exacerber les tensions.

Ce présent rapport n’a pas la prétention de documenter et analyser toutes les interventions policières menées dans le cadre de cette manifestation. L’ESIP n’avait pas les ressources pour couvrir son ensemble. Toutefois, le présent rapport relate les observations de 5 équipes qui étaient disséminées dans la manifestation.

Chronologie des faits

17h00 : Des membres de l’ESIP sont témoins d’une fouille sans mention par les policiers présents des motifs justifiant cette mesure. De plus, ils prennent une bouteille de liquide basique permettant de soigner en cas d’attaques d’irritants chimiques et dispersent son contenu dans les égoûts.

17h03 : Un membre de l’ESIP a été fouillé par deux policiers au coins des rues de Maisonneuve et Berri. Ceux-ci ont refusé de donner les motifs pour lesquels ils procédaient à une fouille. L’ESIP a observé une pratique généralisée des agent-e-s du SPVM qui consistait à fouiller systématiquement toute personne qui se dirigeait vers le carré Émilie-Gamelin et qui avait un sac à dos.

17h05 : Arrivée de l’ESIP au carré Émilie-Gamelin.

17h05-17h53 : La présence policière est majeure : plus d’une soixantaine d’agent-e-s sont présents-e-s ; 6 policiers à cheval surplombent le carré Émilie-Gamelin ; des policiers procèdent à des fouilles systématiques. En général, ils se tiennent en retrait du carré, sur les rues entourant le carré. Deux hélicoptères sont aussi déployés. L’ESIP a aussi observé des équipes du SPVM qui prenaient de nombreuses photographies des personnes présentes, dont des membres de l’équipe.

17h53 : Départ de la manifestation.

18h00 : Huit policiers interceptent trois personnes dans la ruelle entre la Bibliothèque et Archive nationale du Québec et la rue St-Denis. Ils fouillent leur sac à dos. Les motifs raisonnables permettant de procéder à une fouille par un-e policier-ère ne semble pas être présents.

18h00-18h15 :Déroulement de la manifestation. Les membres de l’ESIP rapportent unanimement que le déroulement de la manifestation est festif et pacifique.

18h10 : Des manifestant-e-s se font fouiller et saisir leurs pancartes. Les agents du SPVM les casseront d’ailleurs en deux devant eux.

18h18 : À l’aide d’un camion muni de hauts-parleurs, le SPVM annonce que la manifestation est maintenant illégale. Des membres de l’ESIP rapportent ne pas avoir entendu cette déclaration.

18h23 : Premières charges simultanées des équipes anti-émeute du SPVM contre les manifestants au coin des rues Sherbrooke et Metcalfe ; Jeanne-Mance et Sherbrooke ; Président-Kennedy et Saint-Laurent.

18h24 : Utilisation de 3 grenades assourdissante par le SPVM au coin des rues Shebrooke et Metcalfe.

18h25 : Utilisation de 2 grenades assourdissantes par le SPVM au coin des rues Saint-Laurent et Président-Kennedy.

18h25 : Utilisation de grenades assourdissantes par le SPVM au coin des rues Jeanne-Mance et Sherbrooke.

18h25-18h37 : Le SPVM procède au scindage de la manifestation en environ 6 groupes. Pour se faire, les agents de l’anti-émeute font usage à de nombreuses reprises aux grenades assourdissantes et coupent subitement les groupes en deux. Ces interventions créent un effet de panique auprès des manifestant-e-s qui courent dans toutes les directions. Les membres de l’ESIP ont remarqué que plusieurs agents (au moins 6) n’étaient pas dûment identifiables. Certains avaient la visière qui cachait le numéro sur le casque et d’autres portaient un casque soit sans numéro ou qui était en partie effacé. Durant cette intervention, de nombreux-se-s passant-e-s qui ne participaient pas à la manifestation furent pris en souricière par le SPVM. Plusieurs furent aspergé-e-s de poivre de Cayenne et reçurent des coups de matraque.

18h27 : Arrestation brutale d’un homme qui a été menotté rudement (des ecchymoses au poignet droit s’en sont résultées). Les agent-e-s présent-e-s ont aussi cassé sa pancarte devant lui. Il a été promené en auto-patrouille pour approximativement une heure, puis a été relâché. Il est important de noter qu’aucune accusation criminelle n’a été retenue contre lui et aucune contravention ne lui a été donné.

18h33 : Sur la rue Metcalfe, un membre de l’ESIP a été frappé par une grenade assourdissante qui a explosé à moins d’un mètre de son dos. Il a tout juste eu le temps de se tourner avant la déflagration. Il était entouré d’une cinquantaine de personnes paisibles qui se dirigeaient dans la direction opposée de la ligne formée par l’anti-émeute.

18h35 : Sur la rue Sainte-Catherine, la confusion règne. Les manifestant-e-s sont séparé-e-s en petits groupes. Il y a beaucoup de policiers anti-émeutes et de passant-es.

18h40 : Une ligne d’anti-émeute poivre et charge la foule au coin de Ste-Catherine et Peel. Deux femmes qui semblent être des passantes sont aspergées de poivre de cayenne. Elles sont prises en charge par des manifestant-es.

18h45 : Dispersement de la foule au coin Ste-Catherine et Peel.

18h46 : À l’intersection des rues Ste-Catherine et Drummond, une grenade assourdissante a explosé au niveau du sol. Les manifestant-e-s se déplacent vers la rue Drummond.

18h47 : Des agent-e-s du SPVM aspergent de poivre de Cayenne des personnes qui les suivaient pacifiquement.

18h50 : Mouvement de la manifestation vers l’ouest. La manifestation est encore scindée en plusieurs petits groupes. Une ligne d’anti-émeute bloque Ste-Catherine à la hauteur de Drummond et on peut voir au loin une ligne d’anti-émeute qui bloque Ste-Catherine à la hauteur de De la Montagne.

18h52 : Des agents de l’anti-émeute sont sur le trottoir sur Ste-Catherine. En passant un policier donne un coup de coude dans le ventre d’un passant qui porte un carré rouge.

18h52 : Arrestation de deux hommes dans une ruelle entre les rues Sherbrooke et De la Montagne.

18h53 : Des passants se font asperger de poivre de Cayenne à la hauteur du 1220 Sainte-Catherine.

18h57 : L’anti-émeute charge la foule sur Sainte-Catherine à la hauteur de la rue De la Montagne. Des grenades sonores sont utilisées (1 ou 2).

18h59 : L’anti-émeute charge la foule sur Sainte-Catherine à la hauteur de la rue Drummond. Un policier non-identifié asperge de poivre de Cayenne des personnes qui reculaient.

19h02 : Explosions de grenades assourdissantes sur la rue Sainte-Catherine.

19h02 : Charge de l’anti-émeute sur un groupe de manifestant-e-s se trouvant sur le campus central de l’Université McGill.

19h08 : Sur la rue Sherbrooke, à la hauteur de Bleury, une ligne de policier-ère-s avec des dossards jaunes procèdent au dispersement de la foule. Un homme demande une question à un policier qui lui assène un coup de matraque en réponse. Il rouspète et est alors aspergé d’un liquide irritant. Un membre de l’ESIP qui se trouve sur place a aussi été atteint. Cependant, il n’a pas été en mesure de l’identifier car la visière du policier en question est levée de façon à cacher le numéro de matricule.

19h13 : Utilisation d’une grenade assourdissante par un agent du SPVM.

19h15 : Une douzaine d’étudiant-e-s chantent des slogans sur le trottoir aux intersections Sherbrooke et Bleury. Une quinzaine de policier-ère-s casqué-e-s arrivent en courant de l’autre côté de la rue, criant « bouge ! bouge ! ». Ils poussent les étudiant-e-s et les dirigent vers Bleury en poussant avec leurs matraques et en criant « bouge ! ». Six personnes sont aspergées d’irritant chimique.

19h18 : Un agent au volant d’une voiture de patrouille sur laquelle était écrit « Superviseur » a lancé à un groupe de personnes : « T’attends-tu que j’te frappe mon tabarnak ? ». En fait, il s’agissait d’un groupe d’environ cinq à sept personnes qui marchaient tranquillement. Le policier en question a démarré sa voiture en trombe afin de tenter de les bloquer et c’est ensuite qu’il aurait tenu ces propos.

19h34 : Des policiers empêchent des journalistes de descendre vers le carré Émilie-Gamelin.

19h40 : L’anti-émeute se retire des rues McGill et Sainte-Catherine.

19h40 : Une équipe de l’ESIP qui s’est déplacée vers le carré Émilie-Gamelin est témoin d’actes d’intimidation commis par des policiers qui poussent des individus se trouvant dans le parc.

19h45 : Des policiers procèdent à une arrestation très musclée sans raison apparente. L’arrêté crie de douleur. Au moins six policiers interviennent. Un autre policier muni d’une matraque télescopique charge les gens alentour en criant de dégager.

19h45 : Retour de l’anti-émeute à l’intersection McGill et Sainte-Catherine.

20h05-20h20 : Marche sur Ste-Catherine jusqu’au Carré Berri, climat assez calme. Seulement quelques poches de manifestant-es

20h10 : L’anti-émeute arrive aux intersections Saint-Denis et Sainte-Catherine.

20h11 : Des policiers refusent de s’identifier à des membres de l’ESIP.

20h22 : Métro Berri-Uqam (Sainte-Catherine/Berri). Un homme qui essaie de quitter la scène se fait rentrer par un policier dans le mur. Il réussit à se relever et quitter.

20h25 : Une membre de l’ESIP, accompagnée de 3 femmes, au coin Sainte-Catherine et Berri, sont sur le petit terrain gazonné devant la façade de l’Église. Elles ne veulent pas aller sur Sainte-Catherine vers l’est car des arrestations de masse par encerclement ont lieu autour du Carré Berri. Elles essaient donc d’avancer vers l’ouest sur Ste-Catherine. L’anti-émeute (approx. une ligne de 20 policiers) arrive. Un policier anti-émeute semble dévier de sa trajectoire pour les frapper avec son bouclier et les renverser. La membre de l’ESIP a été blessée : elle a des ecchymoses au dos et au bras.

20h30 : L’ESIP fait une patrouille sur les rues Saint-Denis, de Maisonneuve, Sanguinet vers le nord et Ontario vers l’est. L’anti-émeute est à tous les coins de rue et procède à des arrestations massives.

20h30 : Les policiers exigent, sans motifs valables, de fouiller les sacs des personnes qui veulent accéder au métro.

20h30 : Arrestation de masse au coin Berri et de Maisonneuve. Le SPVM a encerclé un groupe de manifestant-e-s qui se dirigeaient vers la rue de Maisonneuve Ouest. À la lumière des observations de l’ESIP, le groupe arrêté ne semblait pas particulièrement tumultueux et ne semblait pas constituer une menace

20h30 : Une personne raconte avoir été aspergée de poivre de Cayenne par une policière du SPVM alors qu’elle prenait des photos d’une arrestation. Ce récit a été corroboré par un témoin.

20h42 : À l’intersection des rues Saint-Denis et de Maisonneuve, des policiers poivrent des manifestant-e-s et un d’eux se fait pousser au sol. Un policier a très explicitement indiqué aux personnes amassées sur le trottoir qu’elles avaient le choix entre partir ou se faire battre par les policier

20h45 : Un homme qui rentre dans un dépanneur aux intersections Saint-André et de Maisonneuve en marchant calmement se fait suivre par 3 policiers à vélo qui entrent en trombe dans le dépanneur et le projette au sol et le mette en état d’arrestation.

22h10 : Au nord ouest du carré Émilie-Gamelin, il y aurait encore des arrestations selon un anti-émeute qui bloque la circulation.

22h12 : Dizaine de policiers casqués avec un chien sont postés dans la station Berri-UQAM, à côté des guichets, derrière ceux-ci.

Fin des observations.

Analyse des faits

Au fil des années, le SPVM a été fréquemment critiqué pour ses interventions lors de cet événement. Entre autre, le Comité des droits de l’homme de l’ONU, en 2005, avait publié un rapport dénonçant les techniques d’arrestations de masse orchestrées lors de cette édition de la manifestation. Plusieurs spécialistes, dont Francis Dupuis-Déry, professeur de Science politique à l’UQAM, affirment que le profilage politique expliquerait l’intensité démesurée des interventions policières en comparaison avec d’autres manifestations et actions. À ce sujet, de nombreux acteurs politiques se sont prononcés publiquement contre la tenue de cette manifestation et ont découragé publiquement les citoyen-ne-s à participer à cette activité. Cette ingérence par des individus faisant figure d’autorité politique constitue, selon l’ESIP, en une violation aux droits à la liberté d’expression et d’association, garantis par la Charte canadienne des droits et libertés.